À la rencontre de Sylvia Piedrahita Avery, une psychothérapeute (et enseignante !)

08 juillet 2021

Dans le cadre d’une nouvelle série cherchant à faire découvrir des emplois populaires, mais souvent méconnus, Grandtoronto.ca a rencontré Sylvia Piedrahita Avery, une psychothérapeute francophile habitant dans la région du Grand Toronto qui travaille également en tant qu’enseignante du secondaire. 

Quand elle s’est lancée dans ce domaine, Sylvia Piedrahita Avery s’est sentie inspirée par ses propres expériences à recevoir de l’aide professionnelle: « J’ai vu la transformation en moi à cause de l’aide professionnelle que je recevais. En plus, j’ai constaté que la plupart des gens n’ont pas un endroit sécuritaire pour s’exprimer et partager leurs douleurs. »

En tant qu’enseignante du secondaire, elle est témoin des expériences que vivent plusieurs jeunes adolescents et de la lacune de ressources de santé mentale. « […] on doit continuer à pousser pour que les rendez-vous chez le psychothérapeute soient normaux, comme chez le médecin ou le dentiste. »

Un aspect de son métier qu’elle préfère est sa capacité de pouvoir contribuer positivement à la vie de quelqu’un qui vit un moment difficile: « Franchement, c’est un privilège. La plupart des gens semblent souffir des mêmes angoisses et des mêmes douleurs. Imaginons ce qui pourrait arriver si on avait le courage de partager, de vraiment écouter et d’être honnête sans les jugements des autres? Les gens se sentiraient moins seuls. »

Le début de son parcours ne s’est pas avéré facile, et Sylvia a connu plusieurs doutes quant à son choix de carrière. « Il y a toujours une petite voix qui me dit ‘Peut-être tu échoueras tes cours, peut-être tu ne trouveras pas d’emploi.’ […] Le syndrome de l’imposteur est bel et bien réel, mais je me dis que je dois constmment me montrer  plus forte que mes doutes… ce n’est pas toujours facile. » 

Dans le cadre de son cheminement académique, Sylvia dit avoir eu à composer avec un environnement compétitif. « [C’est] compétitif dans les études et quand j’étais étudiante stagiaire, mais pas en tant que profession. C’est un travail qui prend beaucoup d’une personne émotionnellement et ceux et celles qui comprennent le domaine savent que la compétition n’est pas possible. »

Aujourd’hui, ses journées de travail sont bien particulières, et elle se prépare en conséquence. « Ce n’est pas une réponse simple, mais je peux vous dire que je me prépare en me détendant les weekends pour une semaine chargée des gens qui veulent une oreille attentive… et chaque jour je suis reconnaissante pour ce que je fais! Ce sont mes actions typiques! »

Un atout qu’elle croit nécessaire pour réussir dans le domaine est la curiosité qui permet de mieux apprendre à connaître ses client.e.s. « En posant des questions, en creusant plus profondément avec le ou la client.e et en les encourageant, on verra que le ou la client.e aura plus d’espoir. […] On est ici [en tant que psychothérapeute] pour écouter intensément avec curiosité sans jugement et déballer les situations compliquées des client.e.s dans un environnement sauf. C’est du travail collaboratif. »

Cependant, Sylvia souligne l’importance de reconnaître ses limites dans le domaine de la psychothérapie. « Je voulais aider tout le monde, mais rapidement j’ai vu que la personne qui souffrait était moi. J’ai une famille, des amis, un autre emploi et je veux être en bonne santé. Tout ça prend de mon temps. Alors, je respecte mon corps et je ne pousse pas. » Et d’ajouter : « Si je ne prends soins de moi-même je ne serais pas une psychothérapeute responsable. Quand mon corps me dit ‘Ça suffit Sylvia!’, j’essaye de respecter cela. »

Quant à l’accessibilité des services de soutien mental pour la population générale, Sylvie croit qu’il y a du travail à faire. « Oui, il existe des programmes qui offrent des sessions gratuites ou à un prix plus abordable, mais à court-terme. J’espère un jour que le gouvernement canadien mettra en place des sessions pour la santé mentale pour tous les canadien.ne.s qui feront partie de notre assurance sociale; 5 à 10 sessions pour chaque canadien.ne par an. C’est complètement possible! »

Selon Sylvie, toute personne souhaitant se lancer en psychothérapie doit s’assurer de prendre soin de leur personne et de se définir des  fermes. Elle les encourage à avoir « […] des bons amis et de la famille qui vous appuient et prends plaisir dans ce travail… c’est un privilège. »

Et que serait-elle si elle ne s’était pas lancée dans la psychothérapie? « Une danseuse de Broadway! »

 

Un article de Karelle Sikapi