Skyler Jain, une jeune aux horizons ouverts: « […] un obstacle significatif pour les jeunes qui ont fini le secondaire en 2020 est le manque d’orientation. »

12 novembre 2020

Crédit image: Josiah Jose

Quelques mois après la rentrée scolaire, plusieurs jeunes commencent déjà le deuxième semestre de leurs études postsecondaires. Cet automne, GrandToronto.ca est allé à la rencontre de jeunes finissant.e.s du secondaire qui tentent de se repérer en temps de pandémie et de trouver une balance entre leurs divers engagements. Une entrevue.

 

Quel est votre nom?

Skyler Jain

 

Est-ce que vous fréquentez une institution postsecondaire? Si oui, laquelle, dans quel programme et en quelle année?

Non, je ne fréquente pas d’institution postsecondaire pour le moment.

 

Quels sont les obstacles principaux pour les jeunes gradués du secondaire, à votre avis?

Dans ces temps-ci, je trouve qu’un obstacle significatif pour les jeunes qui ont fini le secondaire en 2020 est le manque d’orientation. D’ailleurs, aller des cours [du secondaire] en ligne à la graduation virtuelle pour ensuite nous faire dire de nous débrouiller avec la transition vers nos institutions de choix était stressant, au moins selon mon expérience. Les cours à distance du mois de mars jusqu’en juin ont affaibli la relation entre étudiants et profs et l’équipe d’animation culturelle, ce qui a laissé plusieurs jeunes à se trouver un peu perdus avec les étapes à prendre pendant l’été.

 

Quel a été le plus grand effet de la pandémie sur vous jusqu’à présent?

Au début de la pandémie, j’ai perdu mon emploi à temps partiel comme la majorité des personnes. Cela m’a apporté une nouvelle anxiété puisque, à part de quelques bourses, je planifiais financer ma première année d’université avec mon propre argent de mon emploi à un centre d’achat, puisque mes parents n’allaient pas me faire de cadeau et RAFÉO n’était pas autant généreux que je l’aurais voulu. Ce nouveau stress m’a fait reconsidérer mon plan pour l’avenir de mon éducation et j’ai décidé de ne pas fréquenter une institution postsecondaire pour une année puisque je n’avais pas assez d’économies pour faire les classes virtuelles, qui était le même prix que celles en personne! En plus, j’ai trouvé que ce temps supplémentaire m’a aidé à réfléchir au sujet du programme qui m’intéresse réellement et j’ai complètement changé de parcours.

 

Quelles sont trois de vos plus grandes inquiétudes reliées aux études à ce moment?

Présentement, je suis inquiète qu’à cause de la pandémie, les écoles resteront en ligne sans réduire les frais de scolarité et que je trouverais cela comme une raison assez importante de repousser mon éducation à nouveau. Reliée à cette première inquiétude, j’ai peur que je décide finalement de poursuivre mes études mais sans sécurité financière et je me plonge en dette, ce qui me stresserait plus que les cours. Dernièrement, et beaucoup moins grave, je crains ne jamais trouver un programme ou une institution qui me plait, et que pire, j’aime mon éducation mais pas les options de carrières reliées.

 

Est-ce que les institutions postsecondaires répondent aux besoins des étudiant.e.s en temps de pandémie à votre avis? Comment?

Depuis que j’ai pris ma décision de ne pas fréquenter l’école cette année, je ne suis pas entièrement au courant des conditions auxquels d’autres jeunes font face, mais je peux présumer que non, ils ne répondent pas aux besoins. De mon avis, les expériences et les ressources de la vie au postsecondaire sont toutes aussi importantes que l’académique. Un étudiant qui cherche des ressources de santé mentale, de l’aide avec un changement de cours ou qui aimerait de l’assistance pour être impliqué dans la politique étudiante d’une institution n’en reçoit pas. En plus que les classes sont faites à distance et de manière assez différente, la qualité de la relation avec les professeurs est réduite.

 

Que pensez-vous des droits de scolarité inchangés en temps de pandémie? Croyez-vous que ça reflète les services et les ressources auxquels ont accès les élèves?

La décision de ne pas diminuer les frais de scolarités en temps de pandémie est la raison principale pour mon année sabbatique. Je trouve que c’est un manque de compassion de la part des institutions de s’attendre à ce que la prochaine génération se débrouille avec l’arrêt de leurs sources de revenus ainsi que le fait que sortir de chez soi présente un risque pour la santé des élèves. Ce découragement de poursuivre l’éducation postsecondaire, que notre société s’attend qu’on y aille pour poursuivre des carrières qui nous enterrent dans la dette constante du capitalisme, vient de ce privilège [de la classe dirigeante] qui renforce l’idée que des emplois mieux rémunérés ne seront accessibles qu’aux personnes qui peuvent se permettre de payer pour l’éducation qui y est requise. Les ressources et la vie sociale, deux aspects habituellement reliés à l’expérience universitaire et collégial, ne sont plus présents cette année, mais les frais restent identiques pour de l’éducation de qualité inférieure.

 

Est-ce que la situation présente des cours universitaires/collégiaux en ligne vous fait regretter votre choix de vous inscrire/de ne pas vous inscrire aux études postsecondaires?

En réalité, j’envie certains étudiants qui vivent sur un campus et ont commencé le prochain chapitre de leurs vies académiques, mais je suis solide dans mon choix de ne pas m’inscrire aux études cette année. Même si je n’avais pas de soucis financiers, le manque de routine et de ressources attachés à ce nouveau style de cours ne me conviendrait pas, alors je suis certaine de ma décision mais je souhaite bonne chance à ceux qui participent.

 

Quels sont vos plans pour le futur quant à votre scolarité?

En ce moment, mes plans pour mon futur académique sont de commencer un programme de linguistiques dans un collège ou une université (je n’ai pas encore eu la chance de rechercher mes options!) et je prévois commencer en septembre 2021. C’est très vague, mais j’apprends d’être spontanée et l’éducation peut attendre jusqu’à temps que je sois prête!