Freecycle, une nouvelle application verte qui ambitionne de réduire le gaspillage

10 novembre 2021

Graziano Giordano est le créateur de l’application Freecycle, disponible sur iOS et Android dans les magasins d’applications. L’application gratuite encourage les communautés à se tourner vers les dons pour éviter le gaspillage à grande échelle. Plusieurs communautés en font bon usage de cette application innovatrice pour le bien de l’environnement.

Une entrevue de Karelle Sikapi

 

Pourriez-vous décrire votre application en quelques lignes?
Grâce à l’application mobile Freecycle, on peut retrouver des objets abandonnés à travers la géolocalisation. A travers l’utilisation des dernières technologies mobiles et Cloud, l’application a rendu facile et accsessible la recherche d’objets. Ce dispositif  intelligent et intuitif comprend un moteur de recherche et est alimenté par l’intelligence artificielle. La vie privée des utilisateurs est respectée car leur position et leur adresse ne sont pas affichées ou partagées avec d’ autres utilisateurs ou des tierces. L’utilisateur peut directement communiquer avec un donneur à l’aide du chat disponible dans l’application. L’utilisateur peut aussi partager son succès avec la communauté locale en postant une ‘story’.

L’application est simple et rapide à utiliser. Elle est gratuite et disponible dans tout le pays sur les plateformes iOS et Android directement téléchargeables dans l’App Store et Google Play.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer cette application?
C’était quelques temps après mon arivée à Toronto quatre ans de cela. Je revenais du supermarché. Ce jour-là, au retour à la maison, j’ai vu un fauteuil beige, en très bon état. Il était magnifique. C’était sur le trottoir en face d’une maison avec une pancarte indiquant qu’il était  «gratuit».
Je venais d’emménager dans un appartement et j’avais besoin de le meubler. Ce fauteuil aurait été parfait pour le coin de ma chambre. Je portais mes sacs, et j’ai pensé « je vais vite rentrer déposer mes courses et revenir le récupérer ». Cinq minutes plus tard, je suis arrivé chez moi et j’ai rangé mes courses. Et là… il a commencé à pleuvoir. Il a plu pendant une bonne heure. Je suis quand même retourné à l’emplacement du fauteuil. Mais malheureusement, il était complètement trempé et inutilisable. Depuis, j’ai continué à observer le phénomène d’objets abandonnés sur les trottoirs. Je me suis dit qu’il devait y avoir un meilleur moyen  de disposer des objets abandonnés . J’ai donc développé une application pour résoudre ce problème.

Graziano Giordano (image: gracieuseté)

Quelles étaient les grandes étapes de la conception de cette application?

La première étape fut de valider mon idée sur le marché. Pour cela, j’ai effectué des recherches pour étendre mes connaissances sur les besoins et les manques actuels de la communauté vis-à-vis ce problème. J’ai eu l’occasion de mener des entrevues avec des amis et aussi d’autres individus de la communauté intéressés par cette problématique. J’ai aussi découvert qu’il n’y avait pas encore de solution technique adéquate. Je me suis donc lancé dans le développement de l’application. Après quelques mois de programmation, j’ai lancé une version bêta avec quelques utilisateurs pour tester cette première version de l’application. Depuis, j’ai inclus de nouvelles fonctionnalités. Aujourd’hui, l’appli est disponible et prête à être utilisée.

Quelle est votre vision pour cette application?

Aujourd’hui, on a tendance à jeter très facilement ce dont on n’a plus besoin. Je vois un futur où les citoyens consomment de manière plus responsable. De plus, beaucoup de personnes sont dans le besoin, et des objets gratuits pourraient rendre leur vie un peu plus facile. Mon amition est simple: je souhaite que l’application Freecycle aide la communauté à obtenir ou se débarrasser plus facilement d’objets afin de leur donner une seconde vie.

Quelles sont les prochaines étapes?

Je continue d’améliorer l’application basée sur les commentaires des utilisateurs. Mon objectif est de faire passer le mot au plus grand nombre de personnes possible. Plus on est nombreux, mieux c’est. Je pense que ce type d’application pourrait aussi aider les  commerçants à se débarrasser de leur stock non-vendu. Des sociétés publiques ou privées de recyclage pourraient aussi bénéficier de cette solution en filtrant les objets signalés dans la rue qui sont principalement faits d’un certain type de matériel, comme le bois, l’aluminium, le fer, etc.

Quels ont été des moments forts de la création de cette application?

Je pense que l’un des moments les plus marquants fut le lancement de l’application. J’ai moi-même posté des objets que je donnais gratuitement. Très rapidement j’ai reçu des demandes de personnes vivant dans mon voisinage. Je me rappelle encore de mon premier don (une lampe) et de cette rencontre avec ce parfait inconnu. Lors de l’échange, cette personne m’a regardé avec étonnement et m’a dit « tu me la donnes vraiment? C’est rare car de nos jours rien n’est gratuit. ». Durant mon temps libre, j’ai déjà passé des centaines d’heures sur ce projet, mais ce moment m’a donné beaucoup d’espoir et de courage pour continuer à la développer davantage.

Quelles sont les expériences antérieures qui vous ont aidées à concevoir cette application?

Il y a 10 ans, j’ai obtenu un Master en sciences informatiques à l’Université de Mons en Belgique. J’ai donc une très bonne base technique. Depuis lors, j’ai eu l’occasion de travailler comme développeur de logiciels mais aussi comme chef de produit pour des start-ups et grandes entreprises touchant différents domaines techniques tels que le Cloud, Big Data, ou même l’intelligence artificielle. La diversité de mes expériences techniques et business m’ont permis de concevoir et lancer tout seul cette application du début jusqu’à la fin. Cependant, il faut garder un esprit ouvert car les technologies et les besoins du marché changent très rapidement et il faut être prêt à s’adapter.