Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse Vendredi 17 juin 2022

22 juin 2022

A l’heure où l’Europe est traversée par des vagues de chaleur infernales, où certains agriculteurs africains ne pourront pas pleinement profiter de leurs récoltes, la coopérative radiophonique de Toronto mobilise ses journalistes, en l’occurrence Sianko Sambou, et les acteurs canadiens de l’agroalimentaire pour attirer l’attention du monde entier sur ces enjeux d’une grande importance. Au Canada, c’est Agriculture et Agroalimentaire qui est le ministère responsable des politiques liées à l’agriculture. Comment le canada compte t-il surmonter ces défis liés à la sécheresse ? Éléments de réponse avec Cameron Newbigging, conseiller principal en matière de communication avec les médias pour cet organisme.

 

  1. Les principales menaces en matière de désertification au Canada sont les feux de forêts ainsi que les inondations qui contribuent à une salinisation excessive des terres. Est-il possible d’agir en amont pour prévenir ces fléaux et en aval pour les guérir par une désalinisation des terres ?

Ressources naturelles Canada (RNCan) collabore étroitement avec les provinces et les territoires, sous l’égide du Conseil canadien des ministres des forêts, pour mettre en œuvre la Stratégie canadienne en matière de feux de forêt. Ensemble, nous cherchons à accroître la résilience face aux incendies de forêt au Canada. Puisque les catastrophes liées au climat comme les incendies de forêt et les inondations sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves, le renforcement de la résilience du Canada face aux catastrophes naturelles et d’origine humaine par la recherche et la mise au point d’outils scientifiques est une priorité pour RNCan.

Le Service canadien des forêts (SCF) participe à la recherche sur les feux de végétation depuis des dizaines d’années. Le SCF collabore avec des partenaires de partout au pays afin d’accroître la base de connaissances sur les incendies de forêt et d’améliorer les capacités nationales de prévision des incendies et de gestion des risques.

Le Plan climatique renforcé du Canada – Un environnement sain et une économie saine – publié en décembre 2020, nous engage à élaborer la première Stratégie nationale d’adaptation du Canada. La Stratégie exposera de quelle façon l’économie et la société canadienne peuvent être plus résilientes et mieux préparées aux effets des changements climatiques. Elle renforcera et changera la manière dont nous pouvons améliorer les résultats en matière de santé, construire et entretenir des infrastructures, gérer l’environnement, soutenir une économie forte et réduire le risque de catastrophes liées au climat, dont les inondations et les feux de forêt. 

 

  1. L’agriculture peut-elle jouer un rôle important pour contrer la désertification en permettant de restaurer la végétation naturelle, laquelle permet de retenir le carbone ?

Oui, et les producteurs agricoles canadiens sont aux premières loges pour élaborer et mettre en œuvre des solutions qui permettront de relever les défis liés aux changements climatiques, à la qualité de l’eau et à la santé des sols, y compris pour lutter contre la désertification et la perte de biodiversité dans les paysages agricoles. Le gouvernement du Canada est résolu à explorer des solutions novatrices, incluant l’agriculture régénératrice, et à soutenir l’élaboration et l’adoption, dans les exploitations agricoles, de solutions fondées sur la nature qui contribuent à la préservation de la santé de nos terres, notre eau et notre biodiversité.

Le secteur agricole peut lutter contre la désertification en mettant en œuvre des solutions climatiques naturelles telles que l’agroforesterie (y compris les brise-vent, les haies et les sylvopastures), la préservation et la restauration des zones naturelles dans les exploitations agricoles et la mise en œuvre de cultures de couverture, qui améliorent la santé des sols et peuvent arrêter et inverser la dégradation des terres. Dans le cadre de ces efforts, le gouvernement du Canada a annoncé, en mars 2021, la mise sur pied du programme Solutions agricoles pour le climat (SAC), dont le volet Laboratoires vivants, assorti d’un financement de 185 millions de dollars sur 10 ans (2021-2031), vise à établir un réseau pancanadien de centres de collaboration régionaux composés d’intervenants agricoles ayant pour but d’élaborer des pratiques agricoles et d’en favoriser l’adoption en vue de lutter contre les changements climatiques, notamment à l’aide de solutions fondées sur la nature et de pratiques de gestion bénéfiques qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre et renforcent la résilience climatique. Dans le cadre du Budget d’avril 2021, le gouvernement a aussi annoncé la création d’un volet de 200 millions de dollars sur trois ans (2021-2024), pour le Fonds d’action à la ferme pour le climat (FAFC), qui vise à aider les producteurs agricoles à adopter des pratiques de gestion bénéfiques dans trois domaines – la gestion de l’azote, les cultures de couverture et le pâturage en rotation – afin de stocker le carbone et de réduire les gaz à effet de serre.

Le Budget de 2022 s’appuie sur ces investissements et propose plusieurs nouvelles mesures incitatives ciblées pour lutter contre les changements climatiques et protéger l’environnement. Ces mesures comprennent 469,5 millions de dollars sur six ans, à compter de 2022-2023, pour élargir le FAFC et 150 millions de dollars destinés au programme des paysages agricoles résilients, qui vise à soutenir la séquestration du carbone et l’adaptation et à favoriser d’autres avantages environnementaux connexes. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) travaille en partenariat avec Ressources naturelles Canada (RNCan) et Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) pour élaborer des projets visant à investir dans les solutions naturelles pour le climat, y compris le programme de 2 milliards d’arbres de RNCan et le Fonds des solutions climatiques axées sur la nature d’ECCC. Ces solutions aideront à atteindre les cibles de réduction des gaz à effet de serre du Canada et contribueront au bien-être de l’ensemble de la population.

 

  1. En dépit des efforts humains comme la végétation par l’agriculture, des facteurs qui échappent à notre contrôle comme les fortes sécheresses couplées à de faibles précipitations peuvent affecter négativement les récoltes. Existe-t-il des subventions gouvernementales ou des programmes d’échanges d’informations avec des pays qui connaissent les mêmes difficultés afin de restaurer la faune et la végétation dans ces conditions ? Est-il possible de mettre en place un programme de transport de l’eau à l’image de l’Oléoduc Est visant à transporter le pétrole de la Saskatchewan vers le Nouveau Brunswick ?

Le Canada collabore avec des partenaires internationaux pour faire progresser la recherche, la mise au point et l’adoption de technologies et de pratiques agricoles qui contribuent à bâtir des systèmes alimentaires plus résilients aux changements climatiques, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à séquestrer le carbone dans des sols en santé. Le Canada a également signé la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, démontrant son engagement envers une action mondiale pour réduire la dégradation des terres et la désertification et atténuer les effets de la sécheresse. Cet engagement comprend la participation à l’élaboration d’indicateurs liés à la désertification, à la dégradation des terres, à la sécheresse, au rendement des terres et au stockage du carbone dans le sol de même que des mesures clés pour atténuer les effets de la sécheresse, s’y adapter et les gérer.

En outre, le Plan de croissance de la Banque de l’infrastructure du Canada définit les projets d’irrigation agricole comme l’une de ses cinq initiatives d’investissement phares. Dotés d’un financement de 1,5 milliard de dollars, ces projets visent à aider le secteur agricole à accroître sa production, à renforcer la sécurité alimentaire du Canada et à élargir les possibilités d’exportation. 

 

  1. En 2012, le Canada se retire de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, avant de revenir en 2016. Le Canada produit des efforts en matière de lutte contre la désertification. Ottawa a annoncé une enveloppe de 55 millions de dollars au fonds des Nations unies pour la neutralité en termes de dégradation des terres. Quelles sont les actions concrètes qui ont été menées par ce fond sur le territoire canadien?

En janvier 2021, le Canada a annoncé une contribution financière de 53,1 millions de dollars au Fonds pour la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT) afin de soutenir la gestion durable et la restauration des terres dans les pays en développement, en favorisant les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, y compris les femmes. Le Fonds NDT a actuellement des investissements actifs au Pérou, en Colombie, en Sierra Leone, au Ghana, au Nicaragua, au Kenya et au Bhoutan.

Bien qu’aucune activité ne soit mise en œuvre directement au Canada dans le cadre du Fonds, plusieurs intervenants canadiens y contribuent. En plus du gouvernement du Canada, la Fondation de l’Université Concordia et le fonds de pension de travailleurs montréalais Fondaction ont tous deux investi dans le Fonds.

Le développeur de projets canadien Ecotierra met en œuvre le premier investissement du Fonds NDT. Cet investissement aide des coopératives de café péruviennes et colombiennes à adopter de meilleures pratiques agroforestières et à bâtir des chaînes d’approvisionnement plus résilientes aux changements climatiques. D’autres exemples comprennent le reboisement de près de 12 750 hectares de terres dégradées, la séquestration et la réduction des émissions de CO2 de 5,1 millions de tonnes, et l’amélioration des moyens de subsistance de 4 500 producteurs.

 

Cameron Newbigging
Conseiller principal en matière de communication avec les médias
Agriculture et Agroalimentaire Canada
aafc.mediarelations-relationsmedias.aac@agr.gc.ca