Marème Diongue, une jeune impliquée en temps de pandémie : « S’engager est devenu à la fois plus facile et plus compliqué. »

12 novembre 2020

Suite au retour des cours au format virtuel au début de l’année 2021, plusieurs jeunes retournent à une routine plus ou moins familière. Les jeunes impliqués, d’ailleurs, ont vécu beaucoup de changements dans leurs engagements. GrandToronto.ca présente ces jeunes qui ont redéfini la leadership dans leurs communautés en pleine pandémie. Une entrevue par Karelle Sikapi.

Décrivez-vous en quelques lignes.

Je me prénome Marème Diongue. J’ai 15 ans et je vais à l’école secondaire Ronald-Marion. Je suis écrivaine et jeune activiste pour les droits humains et environnementaux engagée dans ma communauté.  Je suis la représentante de la région du Grand-Toronto au sein du conseil de représentation de la FESFO (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne). Je suis passionné d’art (musique, guitare, dessin, art dramatique), j’aime aussi lire et faire de l’exercice. L’aventure, la curiosité  et l’audace sont mes traits principaux.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous impliquer au sein de votre communauté?

Je suis une personne franche qui se met à la tâche lorsqu’elle voit un défi. Je veux voir un changement dans ma communauté pour le meilleur. Dans mon intersectionnalité, je ressens le besoin de partager mes expériences mais aussi d’entendre celles des autres et de travailler pour le bien commun. Je dirais que c’est un mélange de curiosité, d’indignation, et d’espoir. Je veux en découvrir plus, je veux prendre action et contribuer au changement et j’ai espoir de voir des jours meilleurs.

 

Quels plans au niveau de votre engagement ont été changés jusqu’à présent à cause de la COVID-19 ?

À cause de la COVID-19, la plupart de mes rencontres, activités et planifications se font en ligne par l’entremise de Zoom, Teams etc. L’aspect socialisation a évolué et changé très vite. J’ai rencontré plus d’une cinquantaine de personne sans jamais les voir en personne. La COVID-19 a permis de tout remettre en perspective. Plusieurs organismes sont en pleine phase de reconstruction et de recentrement. S’engager est devenu à la fois plus facile et plus compliqué.

D’un côté, il ne suffit que d’un clic sur un écran au lieu de se déplacer maintenant pour s’engager. Mais de l’autre côté le contact humain est manquant. Certaines activités ne peuvent tout simplement pas avoir lieu. Certaines rencontres peuvent devenir longues et inintéressantes et les mesures de COVID-19 empêchent aux participants de contribuer de certaines façons. Être 24h sur 24 sur les écrans peut aussi avoir un impact sur la santé. Bref, l’engagement communautaire a été complètement transformé au malheur des uns et au bonheur des autres.

 

Quel impact avez-vous aperçu sur les jeunes dans vos espaces scolaires?

Les jeunes dans mon espace scolaire sont perplexes. Certains ne se soucient pas trop de la COVID, pour eux les choses devraient rouler à bon train et ils sont assez relax avec les règles. Ces élèves deviennent alors un problème dans la classe lorsqu’ils ne suivent pas les règles. D’autres sont au contraire très soucieux. Souvent à cause de conditions médicales préexistantes en eux ou dans leurs familles. Ces élèves là sont souvent en cours en ligne et plus réservés. Au centre, il y a des élèves qui ne se soucient pas trop de la COVID-19 mais qui respectent tout de même les mesures sanitaires.

Globalement la COVID a surtout affecté nos jeunes mentalement. La dépression, le stress et l’anxiété ont beaucoup augmenté. Les élèves doivent apprendre à socialiser différemment et à s’adapter à la charge de travail de l’école en plus de la pandémie.

 

Est-ce que vous trouvez cela important que les élèves retournent aux cours en présentiel? Si oui, pourquoi?

Les cours en présentiel sont nécessaires pour certains élèves. Ceux-ci sont souvent affectés par les facteurs suivants :

  • Baisse du niveau de performance à l’école en ligne (besoin de support, difficulté à se concentrer, etc.)
  • Conditions inadéquates pour travailler à la maison (violence domestique, connexion internet instable etc.)
  • Problèmes de santé mentale (anxiété, lacune d’interactions sociales, dépression, stress)

D’autres élèves se débrouillent parfaitement bien en ligne et ne ressentent pas le besoin d’être à l’école. Je supporte et favorise donc le système hybride qui permet de réduire le nombre d’élèves dans l’établissement tout en soutenant tous les élèves adéquatement.

 

Comment est-ce que cette pandémie a changé votre manière de définir le leadership?

Pré-COVID-19, le leadership pouvait être perçu comme une façon de réunir ses camarades pour atteindre un but commun. Un leader supportait son équipe et rassemblait sa communauté. On encourageait les jeunes à s’ouvrir, socialiser, se rencontrer et ouvrir la discussion. Aujourd’hui le leadership se traduit en exemple. Les leaders donnent l’exemple de ce qu’il faut faire en temps de pandémie, ils inspirent les jeunes à distance et les encouragent par leurs gestes et leurs mots. Le leadership lui-même n’as pas changé, mais la façon dont il exprime ce leadership a changé. Un leader supporte toujours sa communauté et inspire toujours ses camarades mais maintenant cela inclut les mesures spéciales de la COVID.

 

Quels effets croyez-vous que cette pandémie aura à long-terme sur l’implication jeunesse?

La pandémie est un épisode de nos vies que nous n’oublierons jamais en tant que jeunes. Plusieurs se sont présentés pour faire du bénévolat dans les établissements médicaux, les organismes et les établissements de service publique entre autres pour tendre une main à ceux qui en ont besoin. Cette implication a permis à beaucoup d’entre nous d’avoir une nouvelle perspective sur le monde. La valeur de la vie, des amis, de la socialisation et des travailleurs de première ligne a beaucoup été soulignée grâce à la pandémie. J’ose croire que cela rendra notre génération plus ouverte et sensible à la souffrance des autres.